Barrières protectionnistes au bois d’œuvre résineux

Josée Morissette

Le conflit canado-américain sur le bois d’œuvre qui dure depuis une quarantaine d’années n’est bon pour aucun des deux pays, concluent des chercheurs de l’IEDM dans une récente publication. La baisse de la production canadienne affecte directement l’industrie forestière de ce pays. Elle n’est pas compensée par l’augmentation de la production au sud de la frontière, ce qui entraîne une perte nette du volume de bois disponible sur le marché américain. Cette plus grande rareté du bois induite artificiellement entraîne une hausse des coûts pour les consommateurs.

« Suite aux tensions commerciales de 2016, les droits de douane sur le bois d’œuvre ont atteint 20,83 %. On aurait pu imaginer qu’après des décennies de conflits sur le bois d’œuvre, les administrations américaines successives auraient enfin compris le caractère contre-productif des droits de douane, tant pour les producteurs que pour les consommateurs », explique Olivier Rancourt, économiste à l’IEDM.

Les répercussions financières sont 26 fois plus importantes pour la population américaine que pour les producteurs canadiens. Elles représentent une perte de bien-être économique de 1,5 milliard de dollars US pour les consommateurs au sud de la frontière. La perte de bien-être pour les consommateurs américains est également estimée à 7 % de plus que les gains pour les producteurs américains.

« Il est clair que le Canada perd de nombreuses opportunités commerciales à cause des tarifs douaniers. Cependant, ce sont les Américains qui souffrent le plus des mesures protectionnistes mises en place par leur gouvernement. Les politiciens américains devraient en prendre note et voir le tort qu’ils causent à leur propre population », soutient Gabriel Giguère, analyste des politiques publiques à l’IEDM.

« La raison est simple : la réduction des importations de bois canadien n’est pas entièrement compensée par l’augmentation de la production interne, ce qui réduit la quantité disponible pour les consommateurs. Cela entraîne nécessairement une hausse des prix. Bien sûr, ce n’est pas le seul élément ayant des répercussions sur le prix de ce matériau, mais c’en est certainement un », ajoute Olivier Rancourt.

La principale raison invoquée par les États-Unis pour justifier la mise en place de ces mesures néfastes est que 94 % des forêts canadiennes sont publiques, ce qui prouve que le bois d’œuvre canadien est subventionné.

Cependant, les États-Unis ne sont pas les seuls à imposer ces mesures qui nuisent à la prospérité économique. Le Canada est également en cause pour ses nombreuses réglementations protectionnistes servant de barrières au libre-échange.

« La gestion de l’offre au Canada est un exemple clair d’un système de protectionnisme économique. Elle consiste en des quotas et des droits de douane qui peuvent aller jusqu’à 300 % sur certains produits. Les droits sur le bois d’œuvre canadien, tout comme notre propre système de gestion de l’offre, nuisent directement aux consommateurs des pays qui les ont mis en place », conclut Gabriel Giguère.

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