Des matériaux respectueux de l’environnement pour les armoires de cuisine

Les tendances en matière de décoration intérieure sont en constante évolution, mais la pandémie actuelle a influencé la façon dont nous percevons nos espaces, comme jamais auparavant. Les gens ne sont plus obligés d’être à la maison à cause des ordonnances gouvernementales sur le maintien à domicile et des politiques des employeurs, mais ils veulent être chez eux dans un environnement qui exprime leur personnalité, leurs goûts et leur vision globale. Cette évolution a alimenté un boom de la rénovation qui a vu les cuisines figurer parmi les pièces les plus rénovées. Au cœur de la maison, les préférences des consommateurs s’éloignent des armoires peintes en blanc qui ont été si populaires pour se tourner vers des tons chauds et terreux, des verts et des bleus, jouant parfois avec différentes nuances dans différentes zones (pensez à la sauge sur les armoires et au vert chasseur sur l’île). Cela correspond au désir grandissant des propriétaires de faire entrer l’extérieur à l’intérieur. De plus, un nombre croissant de consommateurs optent pour des matériaux naturels pour les armoires qui soutiennent leurs objectifs environnementaux.

Passé de mode pendant un certain temps, le bois connaît un regain d’intérêt, notamment parce qu’il s’agit d’une ressource de construction renouvelable. L’aspect chaleureux du noyer et du chêne massifs fait partie des préférés des clients, convoités pour leurs caractéristiques — les variations de la structure du grain et de la teinte ajoutent de la profondeur, de l’intérêt et de la texture à la cuisine. Ces deux types de bois offrent également une grande souplesse de conception. Ils s’accordent avec de nombreux styles, du rustique au moderne, et constituent une toile de fond neutre pour une variété de palettes de couleurs. Les propriétaires soucieux de l’environnement sont particulièrement intéressés par les armoires en bois fabriquées à partir de matériaux récoltés de manière durable. La certification du Forest Stewardship Council est donc indispensable si vous souhaitez toucher ces consommateurs verts, car elle signifie que vos produits proviennent de forêts gérées de manière responsable et répondent à des exigences strictes en matière de qualité de l’air et d’autres normes environnementales.

Un choix encore plus sain pour la planète (et la maison) est celui des armoires en bois récupéré et de celles fabriquées en pin attaqué par le scarabée, qui ajoute à la fois de l’histoire et du caractère au design de la cuisine. Le terme « pin tué par le scarabée » désigne les pins tués par le scarabée du pin. Cet insecte de la taille d’un grain de riz fait des ravages dans les forêts de l’ouest du Canada et des États-Unis, où il a déjà décimé plus de 100 millions d’acres de bois, avec un taux de mortalité de 80 à 90 %. Le scarabée pénètre dans le bois et finit par étouffer les arbres en les privant d’eau et de nutriments. Ce qu’il laisse derrière lui, c’est une forêt stérile remplie d’arbres sans aiguilles et colorés en bleu gris. Ce bois mort récoltable est de plus en plus utilisé pour la fabrication de produits en bois tels que les armoires. S’ils sont laissés dans la forêt, les arbres morts finiront par tomber, se décomposer et devenir le combustible de feux de forêt catastrophiques ou libérer leur carbone dans l’atmosphère, ce qui entraînera une augmentation des gaz à effet de serre. Les consommateurs apprécient souvent sa « coloration » bleue distincte (due au champignon transporté par le scarabée du pin qui empêche l’arbre de produire sa résine de défense naturelle), car il n’y a pas deux projets de cuisine identiques. Et comme il s’agit d’un produit entièrement naturel et biologique, aucune teinture ou peinture n’est nécessaire pour mettre le bois en valeur.

Le bois n’est pas le seul matériau naturel pour les armoires qui gagne en popularité. Il existe des alternatives comme le bambou, le lyptus et le bois de chanvre. Le bambou est une herbe, mais il ressemble le plus aux autres bois sur le marché, ce qui le rend très désirable. Il se distingue par sa croissance incroyablement rapide, se régénérant en moins d’une décennie, ce qui en fait une ressource renouvelable et durable. En outre, il est généralement plus résistant et plus dur que les autres bois durs et est réputé pour améliorer la qualité de l’air intérieur ; le bambou est considéré comme un absorbeur de dioxyde de carbone et un émetteur d’oxygène efficaces, ce qui lui permet de purifier l’air de toxines comme le formaldéhyde.

Plus récent sur la scène de l’ébénisterie, le lyptus est un produit d’ingénierie issu d’un hybride de deux espèces d’eucalyptus qui atteint sa maturité en seulement 15 ans, soit beaucoup plus rapidement que la croissance de la plupart des bois durs. Son aspect et son toucher sont similaires à ceux de l’acajou, du chêne rouge et du cerisier, et sa gamme de couleurs est vaste, allant du rose clair aux tons terreux plus foncés. Il y a ensuite le bois de chanvre qui, comme le lyptus, n’a été envisagé que récemment pour l’ébénisterie. Le bois de chanvre est fabriqué à partir des tiges de la plante de chanvre. Il pousse selon un cycle de 90 jours et est 20 % plus résistant que le chêne blanc américain. Il est également naturellement non toxique et ne contient pas de composés organiques volatils ajoutés. La société Eastland Group of Companies, basée au Nouveau-Brunswick, a été l’une des premières au monde à fabriquer des armoires à partir de HempWood — la marque qui se cache derrière les seules armoires en chanvre actuellement sur le marché. Les armoires HempWood n’ont pas besoin d’apprêt ou de peinture comme les autres bois, ce qui leur donne cet aspect rustique si recherché aujourd’hui.

Clare Tattersall est architecte d’intérieur et décoratrice à Toronto, et rédactrice en chef du magazine canadien consacré aux revêtements de sol, Coverings.