Les possibilités qu’offrent les forêts du Canada
Derek Nighbor
Les forêts font partie intégrante de la vie canadienne. Nous savons qu’avec la grande puissance des ressources forestières du Canada vient un devoir encore plus grand de gestion durable et de responsabilité. Bien que nous puissions suivre la Russie et le Brésil en tant que troisième pays forestier au monde, le Canada possède un avantage concurrentiel essentiel qui le place au-dessus de tous les autres.
En vertu des engagements du Canada en matière de droits de la personne, de salaires et d’avantages sociaux favorables aux familles ainsi que d’aménagement forestier responsable et de durabilité, nous sommes au premier rang mondial avec 36 % des forêts de la planète vérifiées et certifiées de façon indépendante.
C’est l’une des nombreuses raisons pour lesquelles les consommateurs de bois, de pâte, de papier et de bioproduits dérivés du bois du monde entier se tournent de plus en plus vers le Canada. Au cours des prochaines années, nous aurons l’occasion de transformer cette situation en un avantage post-pandémique et nous avons besoin du leadership du gouvernement fédéral pour nous aider à réaliser cette possibilité.
Alors que le monde se tourne vers des produits à faible teneur en carbone pour construire des maisons, des entreprises et des collectivités plus écologiques, et que nous nous efforçons d’atténuer les risques d’aggravation des épidémies de ravageurs et des incendies plus catastrophiques, l’aménagement forestier durable et l’utilisation des produits forestiers canadiens n’ont jamais été aussi importants.
Les forêts du Canada jouent un rôle essentiel dans notre lutte contre le changement climatique en capturant le carbone. Et les produits que nous fabriquons à partir d’elles sont tout aussi cruciaux pour l’action climatique.
Dans la forêt boréale canadienne, les jeunes arbres absorbent le carbone plus rapidement que les arbres plus âgés. À mesure que nos forêts vieillissent, elles perdent progressivement leur capacité de stockage du carbone et sont confrontées à un risque croissant de sécheresse, de maladie, d’infestation d’insectes et d’incendie. Ce faisant, elles sont de plus en plus susceptibles de libérer dans l’atmosphère le carbone qu’elles ont emmagasiné, transformant ainsi nos arbres, qui étaient des actifs dans la lutte contre le changement climatique, en passifs.
Historiquement, les forêts du Canada étaient un puits net qui absorbait plus de carbone qu’elles n’en rejetaient. Mais face à l’aggravation des perturbations naturelles au cours des deux dernières décennies, l’équilibre s’est déplacé et les forêts canadiennes sont devenues une source nette globale d’émissions de gaz à effet de serre (GES). Les insectes et les incendies se sont révélés être les plus gros problèmes pour l’histoire du carbone au Canada.
Les possibilités offertes par la foresterie canadienne sont à la fois environnementales et économiques, et elles sont multiples. La récolte des arbres lorsqu’ils sont âgés permet d’emprisonner le carbone dans des produits du bois à longue durée de vie, qui peuvent remplacer des matériaux plus polluants et à forte intensité de combustibles fossiles comme le ciment. L’utilisation des copeaux de bois et de l’écorce laissés par les scieries permet d’éliminer les déchets et de fabriquer des produits de substitution respectueux de l’environnement, comme les biocarburants et les bioplastiques, destinés au marché. Le renouvellement des forêts par la replantation et le soutien à la régénération permettent de relancer le cycle de stockage du carbone ; la gestion active des forêts favorise la biodiversité et contribue à atténuer les risques de propagation des parasites et des incendies. Tout cela peut être poussé plus loin en travaillant avec les communautés autochtones et locales pour intégrer les valeurs locales dans la planification afin de créer une activité économique indispensable pour aider à alimenter quelque 600 communautés à travers le pays et remplir les coffres des gouvernements avec les droits de coupe et les taxes.
Ce ne sont là que quelques solutions que la foresterie canadienne peut apporter à notre environnement et à l’économie. Alors, comment le gouvernement fédéral peut-il travailler avec les travailleurs forestiers canadiens pour nous aider à faire face à l’aggravation des perturbations forestières causées par le climat tout en réalisant d’importantes réductions de GES ? Revenez la semaine prochaine pour trouver des réponses à ces questions.
Derek Nighbor est le président et le chef de la direction de l’Association des produits forestiers du Canada, qui représentent le secteur des produits forestiers, présent dans plus de 600 collectivités canadiennes et fournissant 225 000 emplois directs et plus de 600 000 emplois indirects dans tout le pays.